Investir dans l’immobilier durable, une réponse face aux changements climatiques
DPE (Diagnostic de Performance Énergétique), RE2020*… depuis le Grenelle de l’environnement de 2007, ces sigles ne sont plus étrangers pour personne. Car le secteur du bâtiment, par son impact important, joue un rôle capital dans la préservation de l’environnement et de la biodiversité, ainsi que dans la lutte contre l’artificialisation des sols. L’immobilier durable, avec toutes ses composantes, est au cœur des transitions écologiques et énergétiques. Au-delà de son engagement en tant que locataire ou propriétaire, chaque épargnant peut aussi faire le choix d’investir dans l’immobilier durable. Focus sur cet autre pan de l’économie responsable.

L’immobilier durable au cœur des transitions écologiques et énergétiques
Utilisation de matériaux naturels, déperdition thermique, émission de poussières et de polluants atmosphériques… Qu’il s’agisse du neuf, de l’ancien, de construction, de rénovation ou d’exploitation, le secteur du bâtiment impacte considérablement l’environnement. D’après le Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, il représenterait même 43 % des consommations énergétiques annuelles françaises et générerait 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) français.
L’immobilier durable vise la réduction de cet impact. Mais comment évaluer le caractère durable d’un bâtiment ? Des critères permettent de passer au peigne fin les pratiques de ce secteur particulièrement énergivore et émetteur de CO2.
Les critères étudiés en phase d’utilisation et d’exploitation du bâtiment :
- la sobriété énergétique qui consiste à piloter efficacement les installations techniques d’un immeuble et de sensibiliser les occupants à un usage plus vertueux de ces équipements
- l’efficacité énergétique avec l’installation des dispositifs de contrôle et de gestion de ces équipements (Gestion Technique Centralisé) et des équipements performants (chauffage, systèmes de ventilation et de climatisation, éclairage Led…)
- le choix d’approvisionnement types d’énergie moins carbonés (réseau de chaleur et de froid, énergies renouvelables…)
Les critères étudiés en phase de construction et de rénovation du bâtiment :
- l’utilisation de matériaux de construction plus écologiques (recyclés, biosourcés, issus du réemploi etc.)
- la gestion durable de l’eau et des déchets
- l’intégration de la biodiversité dans les opérations de construction
- l’intégration de solutions d’énergie renouvelables (centrale solaire, géothermie etc.)
Pour s’y retrouver, les propriétaires et leurs occupants ont à leur disposition tout un éventail de normes, réglementations et autres labels :
- Le plus connu est le fameux DPE. Ses étiquettes allant de A à G évaluent la performance énergétique d’un bien. Les bons élèves – les plus proches de A – sont ainsi les plus économes en énergie.
- Le Dispositif Eco-Energie Tertiaire (DEET), qui fixe un objectif de réduction des consommations énergétiques de l’ordre de 40 % à 2030, 50 % à 2040 et 60 % à 2050, pour l’immobilier tertiaire d’une surface supérieure à 1000 m²
- La RE2020, Réglementation Environnementale qui est montée d’un cran en janvier 2022 pour remplacer la RT2012 dans le secteur de la construction : en plus de la consommation d’énergie des bâtiments, la nouvelle réglementation énergétique et environnementale prend désormais en compte les émissions de carbone, et ce dès la phase de conception. Cette nouvelle réglementation environnementale s’inscrit dans la stratégie nationale bas carbone (SNBC) pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
- Le label BBC (Bâtiment Basse Consommation)
- La Certification NF HQE (Haute Qualité Environnementale)
- La Certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design)
- Le label BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method) …
Toutes ces classifications donnent des repères aux professionnels et aux occupants des bâtiments sur leur durabilité environnementale. Ils reflètent aussi l’éveil des consciences dans un secteur énergivore, et la volonté de tendre vers des pratiques toujours plus respectueuses de l’environnement.

L’immobilier durable, une des composantes de l’économie responsable
L’immobilier durable est un pan fondamental de la transition écologique et énergétique. Ce n’est donc pas anodin si c’est un thème cher à l’innovation sociale, et plus particulièrement aux entreprises de l’ESS. Performance énergétique, habitat durable…. Nombre de projets solidaires ont d’ores et déjà vu le jour dans ce domaine. A l’instar de l’Agence Publique pour l’Immobilier de la Justice (SCIC APIJ) qui construit et rénove des bâtiments dans le respect de l’écologie. Les Compagnons Bâtisseurs – soutenus par la fondation d’entreprise MACIF – luttent pour leur part contre la précarité énergétique et promeuvent de nouvelles formes d’habitats plus écologiques, plus accessibles et plus sociaux.
Car l’immobilier durable va bien au-delà de la sobriété énergétique. C’est en couvrant non seulement des problématiques environnementales, mais aussi tout un volet social, qu’il s’inscrit pleinement dans une économie durable et responsable. Amélioration de la qualité de l’air au sein des logements, lutte contre la précarité énergétique…l’immobilier durable, c’est aussi la santé et le bien-être des occupants.
La dernière pièce du puzzle, c’est l’économie. Comment les acteurs du bâtiment peuvent-ils se fournir toujours plus localement ? Sont-ils soucieux de leur territoire ? Comment financer la rénovation de bâtiments durables ? Et c’est précisément ici que chaque épargnant peut avoir un rôle à jouer.

Investir dans l’immobilier durable, une autre façon de donner du sens à son épargne
C’est aussi par le prisme de la finance que l’immobilier durable rejoint l’économie responsable. La relation entre la finance et l’immobilier, souvent désignée sous le terme de « pierre papier », est loin d’être récente. Née au début des années 1980, cette formule permet d’investir dans l’immobilier de manière indirecte en achetant des parts d’investissements immobiliers. Ces placements mutualisés et gérés par des intermédiaires professionnels, offrent des rendements très intéressants et sont de plus en plus convoités.
Au même titre que d’autres placements financiers de plus en plus tournés vers la société et l’environnement, ces fonds immobiliers ne font pas exception. Dits « verts », ils intègrent davantage de normes et de labels pour permettre aux épargnants de diversifier leur épargne, sans renoncer à leurs valeurs. Leur stratégie d’investissement : se concentrer sur des biens responsables. Il s’agit par exemple d’acquérir des biens particulièrement économes en énergie ou d’en accompagner d’autres pour des travaux d’amélioration thermique.
Investir dans l’immobilier durable peut aussi se traduire par une participation à la finance « verte » au travers de l’ISR. Ofi Invest ISR Experimmo donne par exemple l’opportunité aux épargnants d’associer placements financiers et immobiliers au sein d’un même support en unité de compte. Les gérants de ce fonds, l’un des premiers à avoir obtenu le label ISR, cherchent constamment à améliorer de façon significative la performance ESG des actifs immobiliers, travaillant essentiellement sur leur empreinte carbone et le niveau de confort des occupants.
En guise de repère le label ISR reste en effet un gage de confiance pour les investisseurs. Créé par le Ministère de l’Économie et des Finances en 2016, il a été élargi au secteur immobilier en 2020. Il comprend désormais un cahier des charges spécifique intégrant une démarche ESG dans la gestion du parc foncier.
Enfin, les fonds à impact représentent un excellent moyen d’investir dans l’immobilier durable. En recherchant prioritairement des bénéfices sociaux et environnementaux, ils sont un levier capital pour financer les transitions énergétiques et écologiques. Ainsi, en soutenant des entreprises de l’ESS engagées pour la lutte contre le mal-logement ou le financement de bâtiments éco-conçus, les investisseurs participent concrètement au « verdissement » du secteur immobilier et à une « transition juste », le mal-logement touchant le plus souvent les populations les plus précaires.
L’immobilier durable est donc une composante essentielle en faveur des transitions écologiques et énergétiques : fonds immobiliers grand public, ISR, fonds à impact…peu importe le moyen, les investisseurs peuvent s’engager pour améliorer la durabilité du parc immobilier.
Ou comment apporter sa pierre à l’édifice…de l’immobilier durable.
*RE2020 : nouvelle réglementation énergétique et environnementale, qui tient compte des consommations d’énergie et des émissions de carbone des ouvrages, y compris lors de la phase de construction.