Biodiversité marine, le rôle clé des investisseurs dans la santé de nos océans
Quelques 100 000 mammifères et près d’1 million d’oiseaux de mer meurent chaque année, piégés, étouffés ou empoisonnés par les déchets plastiques (1). Les océans et les écosystèmes marins suffoquent. Et avec eux, c’est le bon fonctionnement même de la planète qui est menacé. Les risques sont nombreux et pèsent non seulement sur la société, mais aussi sur l’économie. En quoi les investisseurs ont-ils un rôle clé à jouer pour la santé de nos océans ? Ou comment la finance peut-elle être un outil clé en faveur des transitions écologiques ?

La biodiversité marine est en danger
Difficile de ne pas évoquer la préservation de la biodiversité lorsque l’on évoque les grands défis du 21ème siècle. La biodiversité, c’est en quelque sorte le tissu vivant de notre planète. Et elle est aujourd’hui en danger. On estime même que sur les huit millions d’espèces connues sur la Terre, un million serait menacé, selon l’IPBES(2).
La biodiversité marine est particulièrement concernée. Une réalité alarmante à l’échelle du monde entier ; en effet, l’ONU nous rappelle que « les océans et la vie marine sont essentiels au bon fonctionnement de la planète, fournissant la moitié de l’oxygène que nous respirons ».
En impactant négativement cette biodiversité marine, l’Homme compromet les ressources dont il a besoin pour survivre et prospérer. Et les menaces pour les océans sont terribles. En tête de liste ? Le véritable fléau du plastique.
Dans un rapport traitant de cette thématique (3), Ofi Invest Asset Management propose un état des lieux des enjeux et des défis que représente l’omniprésence du plastique dans nos modes de consommation. Son usage intensif a un impact gigantesque sur la biodiversité marine. Près de 700 espèces marines sont fragilisées par le plastique, dont 17 % sont classées comme espèces menacées ou en danger critique d’après WWF (World Wide Fund for Nature).
Pollution chimique, réchauffement de la température des eaux, surpêche, dégradation des écosystèmes… de nombreuses autres menaces complètent cette liste mortifère. Et les conséquences sont loin d’être anodines pour la planète, mais aussi pour l’Homme.
Car le déclin constaté de la biodiversité met en péril un grand nombre d’écosystèmes et de services écosystémiques, pourtant essentiels à notre vie sur Terre et à notre prospérité. Qu’il s’agisse d’approvisionnement (fourniture des aliments nutritifs) ou de régulation et d’entretien (eau propre, régulation des maladies et du climat, pollinisation des cultures), les menaces qui pèsent sur ces services sont devenues une urgence planétaire.

Déclin de la biodiversité marine : une urgence pour la société et l’économie
Bien qu’elle ne soit ni valorisée, ni même reconnue, la nature contribue pourtant à la création de richesse. Selon l’ONU, 55 % du PIB mondial reposerait sur les services rendus par la nature. La dégradation de la biodiversité engendre donc des risques manifestes et croissants. Risques de santé publique et de sécurité alimentaire certes, mais aussi risques économiques et financiers. Ces derniers peuvent impacter très concrètement les investisseurs.
L’agriculture, le textile ou encore l’énergie sont par exemple des secteurs tributaires des services écosystémiques. Une biodiversité menacée, c’est – à terme – un accès compromis aux matières premières et aux ressources dont les entreprises ont besoin pour exercer leur activité. Et un impact sur toute une chaîne de valeur. Les sociétés les plus dépendantes de la biodiversité devront même s’adapter et se soumettre à de nouvelles contraintes, induisant des coûts supplémentaires.
Scandales, pollution de grande ampleur, rejets toxiques… le risque réputationnel n’est pas neutre non plus pour les entreprises n’assurant pas une bonne gestion de ces impacts. Pire : la conjugaison de tous ces risques pourrait déboucher sur un risque systémique ; les impacts sectoriels, voire nationaux liés au déclin de la biodiversité pouvant miner les marchés et les valeurs des investissements à long terme.
La lutte en faveur de la biodiversité s’impose désormais comme une urgence. Et entre contraintes légales, prise de conscience et réelles opportunités, la finance s’empare heureusement du sujet depuis quelques années. Une étape importante a été franchie par la COP 15 des Nations Unies(4) en 2022 à Montréal. Bilan ? Une feuille de route nommée « 4×30 ». Le programme d’ici 2030 :
- l’orientation de 30 milliards de dollars vers les pays en développement pour les aider à préserver les espèces animales et végétales menacées ;
- la restauration de 30 % des surfaces dégradées comme les mangroves et les tourbières ;
- la protection de 30 % des terres, des mers et des eaux douces.
En avance sur le reste du monde, la législation française impose quant à elle un cadre depuis 2022. Sociétés de gestion et compagnies d’assurances sont contraintes de publier l’impact de leur investissement sur la biodiversité, ainsi que les risques que l’érosion de la biodiversité fait peser sur leurs propres investissements. Ce n’est pas tout : leurs portefeuilles doivent aussi être alignés sur les objectifs internationaux de préservation de la biodiversité. Un grand progrès. Mais aussi l’opportunité pour les investisseurs d’intégrer la biodiversité dans leur gouvernance, et d’élaborer une réelle stratégie de durabilité.

Préservation de la santé des océans et des écosystèmes marins : entre contraintes et création de valeur
Pour Béryl Bouvier di Nota, Responsable de la gestion actions à impact chez Ofi Invest Asset Management : « […] la thématique durable de la protection et de la restauration de la nature est un enjeu majeur pour les générations futures et créateur de valeur pour l’investisseur. »
Car la lutte pour la préservation de la biodiversité ne doit pas être réduite à une somme de contraintes réglementaires, elle est aussi l’occasion de s’impliquer auprès de ses parties prenantes. Un combat que mène au quotidien Aéma Groupe en tant qu’investisseur activiste : non seulement en multipliant ses engagements auprès des instances de place – telle que la Finance for Biodiversity Pledge (FFBP) dont il est membre depuis 2022 – mais aussi en prenant part à des actions de lobbying. Il fait notamment cause commune avec d’autres acteurs engagés en co-signant la déclaration Deep Sea Mining relative aux forages miniers en eaux profondes, ou encore la lettre ouverte Plastics Treaty, afin de lutter contre la pollution plastique. Une vision forte et engagée, à l’instar du message clé du plaidoyer Aéma Groupe adressé aux décideurs politiques quelques jours avant les élections européennes du 9 juin 2024 : repenser ensemble la protection de la planète et des citoyens.
L’engagement peut aussi être actionnarial. La clé ? Un dialogue actif avec les entreprises afin qu’elles améliorent leurs pratiques en faveur de la préservation de la biodiversité et de sa restauration, améliorant au passage leurs performances ESG. Pour préserver la santé des océans par exemple, fixer des objectifs de long terme en matière de biodiversité et de protection des océans, ou proposer des solutions de financement à des alternatives au plastiques peuvent être des axes d’amélioration concrets.
Soutenir la préservation de la biodiversité marine peut enfin se traduire par des investissements ciblés : ce que l’on appelle la finance bleue. Et elle couvre un périmètre très large. Réduction des pollutions chimiques et plastiques, développement des énergies marines renouvelables, restauration des écosystèmes marins ou encore décarbonation du transport maritime…le potentiel de croissance est important.
Ainsi, que ce soit par le biais de l’ISR, ou via des fonds à impact ou thématiques, les options d’investissement durables se multiplient. Ils offrent la possibilité aux investisseurs de concilier responsabilité et rendement financier. C’est dans cette logique que Macif et Abeilles Assurances (deux marques d’Aéma Groupe) ont, à elles deux, investi 40 millions d’euros dans le fonds à Impact Blue Ocean, mis en place par SWEN Capital Partners (filiale d’Ofi Invest) en 2021. L’objectif ? Participer à la régénération de la santé des océans. Une stratégie de financement qui représente un levier majeur pour la protection de nos océans.
Au-delà de l’investissement strictement financier, les marques d’Aéma Groupe multiplient les actions concrètes pour sensibiliser et fédérer tous les publics autour de ces enjeux cruciaux. À l’image d’AÉSIO mutuelle avec notamment la création de la Chaire RESPECT : pour un monde en santé. Ou encore de Macif, qui se mobilise pour nos mers et nos océans à travers :
- des actions mutualistes organisées sur tout le territoire (programmes pédagogiques, actions de sensibilisation…) ;
- son soutien au programme Plastic Origins de l’association Surfrider Foundation Europe ;
- le partenariat de l’expédition Polar Pod, projet de l’explorateur et médecin français Jean-Louis Etienne, afin d’approfondir les connaissances de l’Océan
- ou encore la production par Macif de Masea, un film d’animation engagé destiné à favoriser le passage à l’action pour construire un monde plus durable.
Agir pour accélérer la transition tout en répondant au souhait des Français de mettre leur épargne au service de celle-ci : c’est une double responsabilité pour les compagnies d’assurance et les sociétés de gestion. C’est aussi l’illustration que dans la lutte pour la préservation de la santé de nos océans, chacun peut prendre sa part en conciliant épargne et sens. Car, comme nous le rappelle Adrien Couret, Directeur Général d’Aéma Groupe : « la finance est un levier puissant du changement ».
(1) Marine Pollution, « The Ocean Conference United Nations », New-York, 5-9 juin 2017
(2) L’IPBES est la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques.
(3) Rapport résultant d’une campagne d’engagement sur la thématique de la pollution plastique et les océans, menée par l’équipe d’analystes ESG d’Ofi Asset Management (devenue Ofi Invest Asset Management le 1er janvier 2023), pour le compte de son actionnaire MACIF et avec l’aide précieuse et le partage d’expertise de l’association Surfrider Foundation Europe.
(4) La 15e conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique s’est tenue à Montréal du 7 au 19 décembre 2022